Les séminaires « Mardis de l'Irdes » présentent des travaux de recherche finalisés ou en cours.
Les benzodiazépines, couramment prescrites comme hypnotiques ou anxiolytiques, sont utilisées pour traiter les troubles du sommeil et l'anxiété. Toutefois, leur usage prolongé est associé à une perte d'efficacité et à une augmentation des effets indésirables, tels que l'addiction, les troubles de la mémoire et les chutes. La Haute Autorité de santé (HAS) et de nombreuses instances internationales considèrent la prescription chronique de ces médicaments comme potentiellement inappropriée, notamment lorsque ces médicaments sont délivrés pendant plus de trois mois ou que leurs effets persistent plus de vingt heures. Ces prescriptions inappropriées sont particulièrement fréquentes chez les personnes âgées de plus de 65 ans.
Cette étude, basée sur les données du Système national des données de santé (SNDS), décrit l'évolution des prescriptions potentiellement inappropriées de benzodiazépines entre 2012 et 2022 chez les personnes âgées, le profil des prescripteurs ainsi que les variations territoriales au sein des bassins de vie français et leurs déterminants.
En 2012, environ une personne âgée de 65 ans et plus sur trois recevait une prescription de benzodiazépines. Entre 2012 et 2022, on observe une réduction annuelle moyenne de 2,5 % des prescriptions potentiellement inappropriées, à l'exception de l'année 2020, durant la pandémie de Covid-19, pendant laquelle ce taux a augmenté.
Des disparités territoriales importantes existent, avec des prévalences plus élevées notamment en Bretagne, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Alsace, dans le Limousin et en Auvergne. Ces variations sont expliquées par la proportion de femmes, qui reçoivent plus souvent des prescriptions que les hommes à âge et état de santé équivalents, mais aussi par l'état de santé des seniors (âge et pathologies). D'autres facteurs peuvent également jouer un rôle, tels que les profils des prescripteurs (notamment leur âge) et l'offre de soins disponible.
Entre 2012 et 2022, plusieurs politiques de santé publique ont été mises en place pour réduire les prescriptions inappropriées de benzodiazépines, comme la Rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp), la réduction des remboursements, voire le déremboursement de certains hypnotiques, ainsi que la publication de guides de bonnes pratiques par la HAS. Nos résultats suggèrent un effet positif de ces politiques, bien qu'il reste encore des marges d'amélioration, notamment pour réduire les inégalités territoriales.
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